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Smart Cities: des TP attrayants sont une partie de la solution

6 mai 2024 – Les transports publics sont bien établis dans les villes suisses. Beaucoup reste toutefois à accomplir sur la voie vers une mobilité urbaine durable, notamment concernant le trafic de loisirs. Il s’agit de rendre l’offre de TP encore plus attrayante et de promouvoir systématiquement, par des mesures ciblées, leur part dans le trafic global.
  • Laurent Roux, CEO des Transports urbains lucernois vbl.
  • Bernhard Adamek, directeur suppléant de l’Union des transports ublics (UTP) 

Les TP apportent une contribution importante à la mise en œuvre de la stratégie climatique et énergétique de la Suisse. Ils sont largement exempts d’émissions de CO2 et, comparés au transport individuel motorisé (TIM), extrêmement efficaces sur le plan énergétique et peu gourmands en espace. De ce fait, l’augmentation de la part des TP dans l’ensemble du trafic est souhaitable également d’un point de vue politique et constitue un élément central des planifications de la mobilité, en particulier dans les villes. 

En comparaison avec nos pays voisins, les TP suisses représentent déjà aujourd’hui une part importante du trafic global. Or selon ladite répartition modale, cette part semble stagner depuis 2005. Une des raisons principales – démontrée par exemple par une étude élaborée en 2019 par le Service d’information pour les transports publics LITRA – réside dans le domaine des loisirs. Si la part des TP est élevée en ce qui concerne les trajets vers le lieu de travail ou de formation, notamment en semaine, il s’avère que de nombreux Suisses et Suissesses continuent à privilégier la voiture durant les week-ends – si bien que le TIM représente plus de 70% des kilomètres parcourus les samedis et dimanches.   

Offres destinées aux jeunes et aux loisirs: attentes dépassées 
Compte tenu du fort potentiel que recèle le trafic de loisirs, le secteur des TP a mis ces dernières années un accent particulier sur ce domaine. En flexibilisant l'offre – par exemple par des liaisons directes vers les régions touristiques proposées le week-end – les TP s’orientent davantage selon la demande. Le lancement de nouvelles offres destinées aux jeunes dans le trafic de loisirs a en outre dépassé toutes les attentes. Il s’agit notamment de l’AG-Night, qui permet d’utiliser librement les TP tous les jours dès 19 heures jusqu’à la fin du service pour 99 francs par an, des «cartes journalières Friends Jeune» ainsi que des billets à prix intéressants pour les petits groupes de jeunes jusqu'à 25 ans.  

Le succès donne raison à la branche: en 2023, tous les segments des TP ont connu un essor massif. Pour le trafic ferroviaire, il s’agit même d’un record absolu. Cette croissance est en particulier imputable au trafic de loisirs, tandis que le trafic pendulaire se développe de manière plus hésitante du fait de l’évolution de nouvelles formes de travail encouragées durant la pandémie.  

Les Smart Cities privilégient les TP  
Dans les villes et les agglomérations suisses, les transports publics sont très bien développés déjà aujourd’hui. Les offres restent néanmoins extensibles de manière ciblée – notamment dans le domaine du trafic de loisirs. La possibilité d’intégrer systématiquement le voyage aller et retour en TP dans le billet d’entrée à une manifestation permet d’abaisser le seuil d’utilisation des TP. Le canton de St. Gall a montré l’exemple: depuis la saison 23/24, le public des concerts et du théâtre de St. Gall peut voyager gratuitement le jour en question dans toute la communauté tarifaire «Ostwind» en achetant un billet de théâtre ou de concert. Des modèles similaires qui visent à rendre plus attractifs les trajets en TP vers des manifestations sont proposés également par d’autres villes suisses.  

Le principe selon lequel le choix du moyen de transport dépend de l’attractivité de l’offre vaut également pour les villes. C’est pourquoi il est nécessaire, compte tenu d’un contexte où existent divers intérêts concurrents en matière d’usage dans un espace urbain limité, que les entreprises de transports et les acteurs urbains développent très en amont, dans un étroit partenariat, des mesures communes pour des TP performants, ponctuels et fiables. Une infrastructure routière qui accorde la priorité aux transports publics en fait partie. Or, c’est notamment dans ce domaine que les défis restent considérables. L’exemple de Lucerne en témoigne actuellement: la mise en œuvre de mesures judicieuses et dont l’efficacité a été démontrée, telles que des voies prioritaires pour les bus, ne peut pas être engagée au niveau de la ville mais uniquement au niveau cantonal. Des investissements en ce sens font partie de la stratégie de la Ville de Lucerne en matière de mobilité, tandis que leur mise en œuvre piétine au niveau cantonal pour différentes raisons.    

Les villes dont les TP sont bloqués dans les embouteillages ou qui manquent d’attrait pour d’autres raisons ont un problème auquel il faut s’atteler: la mesure peut-être la plus prometteuse pour réduire la part de TIM (également) dans le trafic de loisirs demeure celle de la gestion restrictive des places de stationnement. Les villes qui souhaitent promouvoir la mobilité durable créent des conditions favorables aux TP – et réduisent ou renchérissent les possibilités de stationnement pour les voitures privées. Parallèlement, il est important de maintenir l'attrait de l'offre de TP. Un échange dynamique et une collaboration active entre l'Association des transports publics (UTP), l'Association suisse des villes (UVS) et la Conférence des villes (CVM)sur la mobilité peuvent contribuer de manière significative à cet objectif.

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