« De nombreuses personnes ne trouvent pas à s’y loger. »
Comment évolue la situation actuelle du logement dans la ville de Renens, en particulier pour les ménages menacés par la pauvreté ?
La situation est critique. Au 1er juin 2024, le nombre de logements vacants à la location à Renens s’élève à 44, soit un taux global de 0,40 %. Sont vacants des appartements aux loyers onéreux, qui influencent aussi significativement les loyers alentour. Le nombre d’expulsions recensé est en hausse : 39 ordonnances d’expulsion et 19 expulsions en 2024.
Quel est l’impact du processus de gentrification sur le logement et la pauvreté à Renens ? Y a-t-il des effets d’éviction et, si oui, quelles personnes sont évincées ?
De nombreuses personnes ne trouvent pas à s’y loger par manque de logements vacants, et surtout en raison de loyers incompatibles avec leurs revenus. Il y a donc éviction de personnes aux revenus modestes, et gentrification.
La ville de Renens connaît-elle également une augmentation des résiliations de baux pour des immeubles entiers ou des lotissements entiers, entraînant la perte de logements abordables ? Peut-elle faire quelque chose pour préserver ces logements ?
Dans la volonté de démolir, puis de reconstruire, certains propriétaires résilient en effet tous les baux de manière anticipée. Les marges de manœuvre sont plurielles : tenter de négocier avec les propriétaires pour maintenir l’existant, imposer des quotas de logements d’utilité publique (LUP), contrôler les hausses de loyer lors de rénovations. Il faut aussi essayer de préserver le parc locatif en faisant l’acquisition de bâtiments. L’acquisition par le biais du droit de préemption est possible actuellement dans le canton de Vaud. La ville exclut cependant de contribuer à la surenchère lors d’acquisition de bâtiments. Une acquisition de bâtiments par le biais du droit de préemption oblige la création de LUP. La ville collabore étroitement avec la Société Coopérative d’Habitation (SCHR) et la Société Renens Pierrettes SA pour construire des LUP. Ces partenaires proposent un grand nombre de logements à des prix abordables, sur des terrains mis à disposition par la ville.
La ville de Renens a-t-elle une stratégie en matière de politique du logement et, si oui, quels en sont les axes prioritaires ?
Le plan d’affectation communal est l’outil essentiel. Il incite à la construction de LUP. Dans certaines zones, la moitié des surfaces de plancher est destinée à des LUP. Ceci s’applique tant aux nouvelles constructions qu’aux extensions et aux changements d’affectation de bâtiments existants. La ville dispose aussi d’un certain nombre de logements subventionnés.
Existe-t-il dans votre ville des projets ou des programmes concrets visant à garantir des logements aux ménages menacés par la pauvreté ?
La ville a instauré une aide individuelle au logement AIL, et collabore activement avec tous les partenaires pour lutter contre le non-recours aux prestations sociales. Aussi, la ville a été novatrice en créant différents logements de transition, pour permettre à des personnes en grande précarité d’avoir un refuge durable et de rebondir.
Comment la ville de Renens peut-elle contribuer à ce que sa population puisse accéder à des logements abordables ? La question de la pauvreté fait-elle également partie de la stratégie en matière de politique du logement ?
La Ville de Renens tente de prévenir la précarité et rappelle :
- que l’accès à un logement conforme à ses nécessités et capacités est un droit.
- qu’elle héberge une population dont les apports à l’économie, ainsi qu’à la qualité de vie sont essentiels. Certaines de ces personnes sont peu reconnues, mal rémunérées.
- que l’immobilier devrait être éthique, responsable, et ne devrait pas dégager des revenus excessifs pour quelques propriétaires au détriment de nombreux locataires.
Comment peut-elle éviter que des personnes perdent leur logement lorsqu’elles ne peuvent plus payer leur loyer ?
La ville tente d’identifier les personnes à risque, de les informer, et de prévenir la perte de logement. Ceci en partenariat avec les acteurs sociaux. Elle peut aussi intervenir financièrement, de manière ponctuelle. La ville soutient aussi diverses associations actives dans ce domaine.
Quel est l’impact global sur la société des évolutions que vous décrivez pour la ville de Renens ?
Certains propriétaires fonciers préfèrent louer des appartements rentables, plutôt que des surfaces pour de l’activité commerciale. Sans intervention des autorités nous pourrions assister à la poursuite de gentrification de la ville et la constitution d’une cité dortoir. Petites et moyennes entreprises et artisans pouvant être « poussés » vers la périphérie. Maintenir une mixité « habitants-emplois » est une volonté et une nécessité. Pour la qualité de vie et pour le maintien d’emplois, de savoir-faire et de formations. Voici aussi deux initiatives renanaises intéressantes : L’aide individuelle au logement pour les familles ainsi qu’une analyse concernant l’offre des logements de transition.
