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« L’ingérence dans l’autonomie communale n’est pas la bonne voie »

20 novembre 2025 – Werner Schib, vice-président de la ville d'Aarau, service Transports et environnement, Le Centre, conseiller municipal depuis 2014 et jusqu’à fin 2025. Profession: avocat et notaire.

Quelle est l’importance de la limitation de vitesse à 30 km/h pour la ville d’Aarau? 
Les rues de quartier d’Aarau sont aujourd’hui pratiquement toutes à trafic modéré. La ville met également en balance les atouts d’une vitesse limitée à 50 km/h ou à 30 km/h dans les projets de transformation et de réaménagement des routes principales. La ville œuvre depuis des années auprès du canton en faveur d’une pesée des intérêts entre une limitation de vitesse à 50 km/h et à 30 km/h dans la planification des espaces routiers urbains.  

La limitation à 30 km/h est-elle bien acceptée par la population ? 
Dans les rues de quartier, la limitation de vitesse à 30 km/h est acceptée par la population et les usagères et usagers de la route. En ce qui concerne le projet de la Bahnhofstrasse, outre les avis positifs, il y a aussi eu des critiques, surtout au début. Les personnes âgées et handicapées, notamment, avaient du mal à s’habituer à pouvoir traverser la rue sur une grande surface, sans passage piéton. Des améliorations structurelles restent nécessaires. Les voix critiques se sont toutefois faites de plus en plus rares au fil des tests. Je suis convaincu que la population de notre ville est aujourd’hui clairement favorable à une limitation de vitesse à 30 km/h dans la Bahnhofstrasse.  

Comment se présente la collaboration avec le canton, notamment pour le projet de la Bahnhofstrasse ? A-t-il été possible de défendre suffisamment les intérêts de la ville ? 
La collaboration avec le canton s’est très bien déroulée. Le canton a pris nos préoccupations au sérieux et était désireux de mettre en œuvre une bonne solution soutenue par tous. Le nom du projet choisi par le canton, «Mitenand statt Gägenand» (Les uns avec les autres plutôt que les uns contre les autres), était et reste approprié. Dans l’espace urbain, dense, le trafic ne peut être maîtrisé que conjointement, dans le respect mutuel de tous les usagers et usagères de la route.  

La Bahnhofstrasse est désormais plus sûre et offre une meilleure qualité de vie. Cela se fait-il aux dépens des automobilistes ? 
Non, l’analyse des tests a clairement montré que pour les automobilistes, les temps de trajet se sont même améliorés. Le projet de la Bahnhofstrasse est également avantageux pour les automobilistes, ce qui est certainement lié au fait qu’il ne prévoyait pas uniquement une réduction de la vitesse maximum, mais également la suppression d’une installation de signaux lumineux à un carrefour et la suppression d’un tourner-à-gauche. Le projet se compose donc d’un ensemble de mesures minutieusement coordonnées, dont la limitation de vitesse à 30 km/h est un élément important. 

Que peuvent apprendre les autres villes de l’expérience d’Aarau en matière de limitation de vitesse à 30 km/h ?  
Il est très important d’avoir un bon suivi : il faut pouvoir comparer précisément l’avant et l’après. La mise en œuvre dans le cadre d’un test s’est également avérée judicieuse. D’une part, l’aménagement de la route a pu être modifié comme prévu après la première moitié du test (avec et sans les bandes cyclables). Il a donc été possible de tester différentes situations. Le test a également permis de réagir ou procéder à des optimisations à court terme. Pendant la période précédant Noël, de longues files d’attente se sont formées à la sortie d’un parking public, ce qui a donné lieu à de nombreuses réclamations. Grâce à des mesures prises à court terme dans une rue d’accès à la Bahnhofstrasse, ces difficultés ont pu être résolues. L’évaluation du test a montré que les objectifs fixés avaient été atteints. ex. l’amélioration du déroulement du trafic pour tous les usagers et usagères, l’augmentation de la stabilité des horaires des transports publics, et l’arrêté de circulation définitif (30 km/h) a été mis à la disposition du public. Si des oppositions ont été déposées lors de la mise à l’enquête publique du test de circulation, cela n’a en revanche plus été le cas pour la règlementation du trafic définitive. Le test a aussi montré clairement que les changements prennent du temps. 

Les villes veulent pouvoir mettre en œuvre plus facilement la limitation de vitesse à 30 km/h sur les routes principales, mais pas la Confédération. Comment voyez-vous l’avenir ? 
Je suis convaincu que les villes et les communes sont les mieux placées pour décider quelles vitesses maximums doivent être appliquées sur leur territoire. Une surrèglementation de la part de la Confédération et l’ingérence prévue dans l’autonomie des communes ne sont pas la bonne voie. Par ailleurs, je suis convaincu que dans les zones urbaines densément peuplées, les routes principales (ou les tronçons de routes principales) doivent remplir de nombreuses fonctions et ne sont pas simplement «affectées à la circulation générale». Pour la ville d’Aarau, la partie de la Bahnhofstrasse en question n’est pas une rue «affectée à la circulation générale», mais une rue «d’intérêt local». Le simple fait qu’il y ait plus de piétonnes et piétons que d’automobilistes dans la Bahnhofstrasse le montre bien.  

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