Plus de sécurité, moins de bruit, un air meilleur
Esther Keller est conseillère d’État bâloise (Département des travaux publics et des transports) et présidente de la Conférence des villes pour la mobilité. Depuis 2024, elle est membre du comité de la Conférence des directeurs cantonaux des transports publics (CTP).
Parmi les nombreux sujets relatifs à la circulation, il y en a un qui fait l’objet de débats passionnés à Bâle et dans toute la Suisse: la limitation de la vitesse maximale à 30 km/h dans les localités. Dans les quartiers résidentiels et à proximité des sites scolaires, la limitation à 30 km/h fait largement consensus. Les riverain·e·s souhaitent souvent avoir une zone 30 ou une zone de rencontre. À Bâle, nous avons plus de 90 zones de rencontre, que nous avons en grande majorité réalisées à la demande de la population.
Dans le canton de Bâle-Ville, environ 63 % des routes urbaines et cantonales sont actuellement à circulation modérée, la vitesse est limitée à 30 km/h sur près de 180 kilomètres au total. Cela améliore la sécurité pour tous, surtout pour les cyclistes et les piéton·ne·s. De plus, nous protégeons la population du bruit de la circulation et contribuons à atteindre notre objectif climatique ambitieux de «zéro émission nette d’ici 2037». Plusieurs interventions parlementaires et décisions populaires nous ont permis d’avancer dans cette voie. D’ici la fin de l’année, le gouvernement de la ville de Bâle prendra position sur une motion cantonale demandant que la vitesse soit limitée à 30 km/h sur l’intégralité du territoire de Bâle-Ville. Aujourd’hui déjà, nous sommes plus avancés à Bâle que de nombreuses autres villes et avons également instauré la limitation de vitesse à 30 km/h sur environ 6 % de nos routes principales. Dans deux cas, cela a été combattu par des associations d’automobilistes jusqu’au Tribunal fédéral. En 2018, le Tribunal fédéral a rendu une décision marquante : nous avons été autorisés à instaurer une vitesse de 30 km/h dans la Sevogelstrasse, une route collectrice principale avec des écoles directement adjacentes et des nuisances sonores excessives. À l’automne 2023, le Tribunal fédéral a de nouveau soutenu un projet du canton dans ce sens: nous avons pu mettre en place une limitation de vitesse à 30 km/h dans la Feldbergstrasse, un grand axe routier très fréquenté. Les émissions de dioxyde d’azote dépassaient constamment les valeurs limites autorisées. Grâce à la vitesse limitée à 30 km/h, elles ont considérablement diminué.
Nous souhaitons poursuivre sur cette voie pavée de succès. C’est pourquoi nous observons avec inquiétude l’esprit de la motion Schilliger de rendre plus difficile l’instauration d’une limitation de vitesse à 30 km/h sur les routes principales ainsi que la proposition du Conseil fédéral qui s’en inspire. Cette démarche va à l’encontre de l’orientation de notre Parlement et du gouvernement, rend plus difficile la réalisation de nos objectifs climatiques conformément à la Constitution cantonale et empiéterait considérablement sur l’autonomie des villes et des communes. Les villes et les communes s’opposeront à cette ingérence.
