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«Des soucis, de la solidarité, des sourires, mais pas de contact direct avec la Confédération: les expériences d’une agglomération en temps de pandémie»

5 mai 2021 – Dans notre commune d’agglomération d’Ostermundigen, la pandémie de coronavirus a montré que nos institutions et organisations de crise fonctionnaient bien et combien notre population était solidaire en cas de coup dur. Mais la pandémie détruit aussi des existences, et l’on commence à pressentir certaines conséquences psychiques et financières. Il est également apparu clairement qu’en ce qui concerne les échanges avec la Confédération, les choses laissent à désirer. Cela doit changer.

de Thomas Iten, maire d'Ostermundigen

 

Les décisions de gestion de la pandémie de coronavirus ont été et sont prises selon différentes perspectives telles que la politique, la science, l’économie, la culture et d’innombrables autres «disciplines» encore.

 

Il serait malvenu de juger ces décisions dans le détail et a fortiori de les commenter selon la perception subjective d’une commune de la banlieue bernoise. D’une part, nous avons besoin des ressources dont nous disposons pour maintenir le «service public», et de l’autre, il nous manque les compétences techniques pour juger ces mesures, et ce n’est pas notre tâche.

 

Mais les décisions, parfois sources de polémiques, prises de position et commentaires, pour certains émotionnels, des groupes mentionnés ont (presque) toujours une influence directe sur les gens qui vivent, travaillent ou s’engagent bénévolement comme volontaires dans une commune comme Ostermundigen.

Fort des différentes expériences des quelque douze derniers mois qui se sont écoulés depuis le premier «lockdown», je vais essayer de donner du point de vue de l’«agglo» un bref aperçu – non exhaustif – des aspects positifs, des défis et des premières leçons pour l’avenir que nous a apportés la gestion de cette situation exceptionnelle.

 

Des sourires et des moments positifs

D’aucuns y verront peut-être un «romantisme de crise», mais de temps à autre, il y a eu des moments où le travail de gestion de cette crise a aussi suscité parmi nous des sentiments positifs, voire des sourires.

 

J’ai rarement vu les gens dans notre commune travailler de manière aussi peu compliquée, aussi peu bureaucratique et aussi peu conventionnelle et en ayant autant à l’esprit la recherche de solutions. L’agenda politique a été mis de côté, et tous se sont retroussé les manches. Un exemple en est la mise en place d’une aide de voisinage pour la génération des aînés. Avec notre organisation d’aide et de soins à domicile, les Églises nationales, maisons de retraite, établissements médico-sociaux et commerce locaux, nous avons organisé un réseau opérationnel en l’espace de seulement quelques jours.

 

J’ai aussi été impressionné par le travail de nos enseignantes et enseignants en télé-enseignement et par le formidable «coup de collier» fourni par les employées et employés des services d’élimination des déchets, des maisons de retraite et des EMS, des structures d’accueil collectif de jour, des écoles de jour, du commerce de détail, du personnel de nettoyage, des organisations d’intervention d’urgence. Cette liste n’est pas exhaustive et montre combien de groupes professionnels ne sont pas en mesure d’accomplir leur mission en télétravail et méritent notre profond respect.

 

Des sourires, j’en ai eu entre autres pendant le lockdown en voyant des élèves s’exercer à frapper des balles de golf sur une pelouse d’école en respectant les mesures de protection et d’hygiène.

 

Le travail qui nous attend

Les moments positifs nous ont permis de gérer les questions difficiles posées par la pandémie. Il est évident que nous devrons encore nous préoccuper très longtemps des répercussions directes et indirectes. Il est par exemple difficile d’évaluer quelles seront les conséquences du coronavirus à moyen et à long terme sur la coexistence des gens. Nous avons déjà dû prendre à court terme une mesure: l’augmentation des ressources consacrées à la protection de l’enfant et de l’adulte. Une autre source de préoccupation est la question de savoir quels seront les effets de cette situation exceptionnelle sur le psychisme des personnes, toutes générations confondues.

 

Il ne fait aucun doute que le coronavirus menace aussi des existences dans notre commune. Je n’entends pas par là seulement des entreprises ou des particuliers, mais aussi les activités de bénévolat. Quels sont les effets de la disparition des mois durant des sources de revenu des associations comme les concerts, le traditionnel loto, les recettes du restaurant du clubhouse? Pouvons-nous en tant que commune compenser ces pertes? Qui représente ce travail dans les organes décisionnels nationaux?

 

Qu’est-ce qui est différent dans une agglomération?

Il se pose à présent la question justifiée de savoir en quoi la gestion de la crise dans une commune d’agglomération diffère de celle d’une ville, de communes rurales ou de régions touristiques? On pourrait résumer cela en quelques mots: de fait, en rien.

 

Dans ma fonction de maire, je dois tout de même insister sur le fait que je souhaiterais avoir davantage de proximité avec les décideuses et décideurs au niveau national en ce qui concerne les défis des agglomérations, marquées par la diversité. Les agglomérations sont régulièrement sous-estimées dans leur fonction de charnière importante entre les régions urbaines et rurales suisses. Malgré la bonne représentation qu’assurent nos associations, je souhaiterais avoir davantage de contact direct, et un dialogue plus actif.

 

Je soutiens ainsi explicitement les aspirations de l’Union des villes suisses de renforcer et d’étendre les échanges avec l’agglomération. Les expériences de la gestion de la crise nous ont montré de manière exemplaire qu’avec notre démarche pragmatique, parfois très terre à terre, nous prenons les défis à bras-le-corps.

 

En temps de pandémie comme au quotidien, les agglomérations sont beaucoup plus que la région située entre la ville et la campagne. Nous sommes une partie vivante, diverse, colorée, joyeuse et importante de la Suisse. J’encourage les décideuses et décideurs à ne pas se rendre dans l’agglo uniquement pour une séance photo (ce qui s’est produit). Nous serons heureux de pouvoir partager notre trésor d’expérience pratique, coronavirus ou pas, encore plus activement et directement au sein des organes décisionnels nationaux.

 

«Après le covid: les voix des villes» paraît chaque mercredi. Cette série est l’occasion pour des experts de différents domaines de prendre position sur les thèmes les plus brûlants de l’actualité du point de vue des villes (s'abonnner).

 

Thomas Iten est maire d’Ostermundigen

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