Les sujets qui ont occupé les villes - le fossé ville-campagne
Le 1er août, Marco Chiesa, président de l’UDC, et Thomas Aeschi, chef du groupe UDC au Palais fédéral, ont fait des discours dans lesquels ils dénigraient les citadines et citadins, les qualifiant de «parasites» et de Schmarotzer, affirmant que les citadines et citadins vivaient aux dépens de la population rurale. Un reproche que n’étayent pas les faits. Ces discours clivants ont pourtant eu un grand retentissement dans les médias.
Blick a été le premier à parler de la nouvelle campagne de l’UDC dans un article intitulé «Angriff auf die Städte» (Une attaque contre les villes), qui a été suivi d’une série sur le prétendu fossé ville-campagne (Blick, 2 août). Celle-ci apportait un éclairage sur les modes de vie, en partie différents, de la population rurale et urbaine, mais aussi sur les transitions floues et la délimitation peu claire entre les deux régions. (Blick online, 2 août).
Un professeur d’économie attaque lui aussi les villes
Durant les jours de creux estival qui ont suivi, le fossé ville-campagne et la polémique de l’UDC ont été le thème dominant dans les médias. De nombreux journaux ont confronté des notables locaux de l’UDC avec ces affirmations de la présidence, suscitant des réactions diverses, parmi lesquelles on trouvait l’éventail complet entre adhésion et rejet. Pour étayer la prétendue discrimination dont est victime la population rurale, les représentantes et représentants de l’UDC se sont référés à une interview avec le professeur fribourgeois Reiner Eichenberger. Une semaine avant les discours du 1er août de la direction de l’UDC, celui-ci avait préparé le terrain pour les attaques de l’UDC dans une interview publiée dans le Sonntagszeitung sous le titre «Viele Städter haben den Bezug zur Realität verloren» (De nombreux citadins ont perdu le lien avec la réalité) (Sonntagszeitung, 25 juillet).
Les médias ont critiqué presque à l’unisson les attaques de l’UDC, remettant plutôt en cause le succès de la nouvelle stratégie. Néanmoins, ils ont offert aux ténors du parti diverses tribunes où ceux-ci ont pu répéter leurs affirmations, parfois sans être contredits. (Tagesanzeiger du 3 août; Der Bund du 4 août; Neue Zürcher Zeitung du 5 août)
L’UVS met les faits au premier plan
Dans le discours du 1er août de Thomas Aeschi, l’UDC a aussi mentionné l’Union des villes suisses, laquelle a été, en tant que représentante des villes suisses, un interlocuteur très demandé par les médias. Renate Amstutz, sa directrice, a indiqué que les villes étaient les moteurs économiques du pays et qu’il existait des rééquilibrages solidaires avec la campagne. Amstutz n’apprécie guère les tentatives de division, car ville et campagne ne peuvent réussir qu’ensemble (par exemple dans Echo der Zeit sur Radio SRF le 3 août).
Sami Kanaan, vice-président de l’Union des villes suisses, a dénoncé l’arrière-goût des mots choisis par le président de l’UDC, qui avait qualifié à plusieurs reprises les citadines et citadins de parasites dans son discours en français (Tribune de Genève et 24 Heures, 4 août).
Il est réjouissant de constater que les médias ont largement réfuté les affirmations de l’UDC selon lesquelles les villes vivraient aux dépens de la population rurale et celle-ci serait discriminée. Ils ont montré que ce sont au contraire les villes qui subventionnent les campagnes. Ils ont en outre précisé que dans le système politique suisse, les citadines et citadins sont désavantagés par rapport à la population rurale, par exemple en ce qui concerne la majorité des cantons ou au Conseil des États (Neue Zürcher Zeitung, 6 et 21 août; Republik, 16 août).