C’est la première année que l’ANS est en vigueur. Qu’espérez-vous que cette nouvelle organisation apportera à Genève? Quels sont les bénéfices attendus?

Genève, comme les autres villes suisses, a besoin d’une coordination souple et efficace sur les grands enjeux de la numérisation, que ce soit au niveau stratégique comme au niveau opérationnel. Au niveau stratégique pour établir des lignes clairs sur les grands enjeux que sont la cybersécurité, le développement d’un numérique responsable et inclusif, qui promeuve un numérique le plus local, sûr et éthique possible. Au niveau opérationnel, nous avons besoin d’une coordination qui permette de mettre en place des systèmes interopérables et encadre les possibilités au niveau national, pour l’ensemble des collectivités publiques.

Dans une première phase, l’ANS est tout d’abord censée lancer des études de faisabilité et des projets pilotes. Selon vous, où faut-il fixer les priorités?

Les études de faisabilité doivent évaluer les possibilités par exemple en ce qui concerne les pistes de cloud souverain, d’e-ID ou d’impact climatique du numérique. Effectivement, je pense que nous devons avancer de manière agile, avec des projets-pilotes qui permettent d’expérimenter et de glaner des « quick-wins » en développant des projets d’inclusion numérique, de recyclage et de réutilisation du matériel informatique, etc…

À votre avis, où se situe Genève en matière de passage au numérique? Quels sont les projets et priorités actuels?

Genève est à mi-chemin. Nous privilégions les projets de fonds, et pas les « gadgets » sans lendemain qui relèverait de la « smart city ». Nous avons défini une politique du numérique qui s’appuie sur quatre piliers : un numérique inclusif (accès de toute la population au numérique), un numérique responsable (enjeu environnemental), un numérique innovant et créatif (arts numériques, open data, innovation, …) et la transformation numérique de l’administration (prestations publiques en ligne, transformation RH de l’administration, …).

«Malgré tous les progrès technologiques, la principale faille reste humaine.»

Lorsque l’on entend prononcer le mot «numérique», celui-ci est immédiatement suivi du mot «sécurité». Comment garantissez-vous que les données de vos citoyen-ne-s restent protégées? Que faites-vous pour gagner la confiance des citoyen-ne-s critiques?

C’est une dimension devenue centrale dans les médias. Nous n’avons pas attendu qu’elle le soit pour prendre des mesures. Malgré tous les progrès technologiques, la principale faille reste humaine, nous avons donc depuis plusieurs années par exemple mis en place des formations pour l’ensemble du personnel et des élu-es, notamment une qui s’appelle « Dans la peau d’un hacker ». Elle propose à chacun-e d’expérimenter les méthodes des pirates en étant coaché par un hacker éthique ce qui permet de mieux comprendre les failles et donc les bonnes pratiques à appliquer.

À quoi ressemblera le guichet électronique de la Ville de Genève dans 20 ans?

Difficile de vous répondre car le numérique change très vite, mais un tel guichet devra être simple, accessible, souple et efficace pour faire toutes les démarches que les habitant-es effectuent maintenant au guichet. Nous devrons aussi assurer toujours un accès en présentiel ou un accompagnement pour les personnes qui ne sauront pas ou ne voudront pas passer par le numérique.

Sami Kanaan (PS) a été élu au Conseil administratif de la Ville de Genève en 2011. En 2014, 2018 et 2020, il a été maire. Sami Kanaan est en charge du Département de la culture et de la transition numérique. Il est titulaire d'un diplome en sciences politiques à l'Université de Genève et d'un diplome de physicien à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Avant sa carrière politique, Sami Kanaan était directeur du Département de la cohésion sociale, de la jeunesse et des sports de la Ville de Genève.